L’entêtement est l’un des maillons principaux de la réaction en chaine qui mène au conflit.

Les émotions constituent une amorce importante de l’enchainement menant à l’émergence des conflits. Elles mènent à l’entêtement, telle une impasse intellectuelle ; les émotions prenant le pouvoir, transformant la personne en victime d’elle-même, accentué en cela par une incapacité à lâcher-prise et à prendre sur soi. Ainsi en arrive-t-on à ne plus pouvoir raisonner, avec le fort sentiment d’avoir raison, expliquant alors que l’on en arrive à défendre ses convictions au-delà de toute limite raisonnable, jusqu’à l’intolérance, l’impossibilité de revenir en arrière, le tout s’avérant inaudible et contre-productif.

Un bel exemple que l’on puisse citer s’avère nos 35 heures de travail hebdomadaires français. Cette mesure, datant de près de 30 ans, a contraint les entreprises publiques et privées à réduire le temps de travail de leurs employés, sans perte de salaire, selon divers systèmes de compensation en jours supplémentaires d’absence si le temps travaillé quotidiennement excédait les 7h. Cette mesure a eu pour conséquence, outre de cliver la société, de mettre en péril financièrement bon nombre d’entreprises, ainsi que d’augmenter les déficits publics du fait des emplois aidés : car pour la même prestation, il a fallu embaucher plus de personnes, payées de manière identique !

Rappelons que l’objectif initial était effectivement de créer des emplois, donc de générer de la croissance et de nouvelles recettes fiscales, devant compenser le déficit créé. Sauf que cette belle idée, au mieux naïve et en réalité utopique et déconnectée du pragmatisme économique, a eu pour conséquence – du fait d’une impossibilité partielle ou totale pour la plupart des petites et moyennes entreprises privées d’embaucher plus pour la même capacité de travail – de tout simplement demander à leurs employés de faire en 35h ce qu’ils faisaient avant en 39h ! Il en a résulté, non pas une diminution mécanique du chômage selon la règle de trois illusoirement espérée, mais une augmentation de la productivité, une diminution de la QVCT, une stagnation des salaires et un tir groupé d’augmentations des tensions, du stress et in fine de la colère sociale.

Fort de ce constat aussi évident que consternant, les organisations syndicales s’entêtent pourtant à batailler afin de les maintenir en l’état, en qualité d’acquis social, demeurant sur leurs positions purement dogmatiques qui va à l’encontre de tout bon sens et de l’intérêt général. Quand s’ajoutent à cela les promesses, régulièrement faites par une partie de la classe politique, consistant à vouloir les abroger ou les assouplir, sachant qu’une fois élus, la bravoure et le courage font place à la peur de devoir discuter avec les syndicats pour tenter de négocier un compromis, on comprend que tout soit figé : ainsi demeurent-elles invariablement en vigueur, sans aucune évolution ni adaptation à la réalité du marché économique ou des mutations sociétales. Il ne reste alors plus qu’à constater, sans surprise, l’augmentation de la précarité, de la colère et des conflits sociaux, ceci de manière exponentielle et par moment quasi-incontrôlable, du type mouvements des bonnets rouges, des gilets jaunes …

La résolution des conflits est pourtant à portée de main, grâce au processus de médiation professionnelle, qui sait faire tomber les barrières notamment de l’entêtement et ainsi, de manière rationnelle et structurée, amener les parties en présence à se parler, se comprendre, à lâcher-prise progressivement et ensemble, parvenir à s’entendre sur un accord, qui peut-être ne sera pas idéal, mais qui aura le mérite de casser l’impasse et le statuquo permanent dans lequel nous sommes cimentés.