J’évoquerai prochainement dans un article la culture de la médiation au Japon, qui s’avère profondément ancrée dans ses traditions et ses valeurs sociales, reflétant une approche collégiale et harmonieuse de la résolution des conflits.
Le passage actuellement emprunté nous menant de l’été à l’automne, toujours difficile à négocier et source de tension interne, est je crois un moment opportun pour s’inspirer plus largement de cette sagesse et de cette harmonie venues du Japon ; sagesse capable de nous faire toucher du doigt la richesse du moment présent et la beauté en toute chose, y compris la plus banale et simple de notre quotidien.
Ainsi ai-je découvert ce qu’est le Kintsugi, un art qui consiste à réparer les objets en porcelaines et les faïences brisées, recollant leurs morceaux puis les embellissant à la poudre d’or. Ainsi, le Kintsugi répare pour redonner à l’objet usuel ou décoratif son intégrité et son utilité d’origine, mais avec une touche supplémentaire, en le décorant, en l’enjolivant, en lui redonnant un éclat et donc une valeur supérieure à celle qu’il détenait avant d’être brisé.
Réparer, redonner à l’objet son aspect originel, en respectant ce qu’il est tout en le dotant d’un éclat supplémentaire, peut s’appliquer dans notre espace quotidien au domaine architectural concernant certains édifices : je pense au Palais des Congrès de Royan, au fil du temps dénaturé par des modifications hideuses, mais dont la réhabilitation récente, selon l’apparence d’origine, a su lui redonner sa beauté et son éclat moderne, mais avec un supplément d’âme.
Comment également ne pas faire un lien avec l’action engagée lors d’une médiation, qui pourrait ainsi être pareillement considérée comme un art, dont l’exercice consisterait à œuvrer pour permettre à deux personnes de recoller les morceaux de leur lien passé, pour les accompagner afin qu’elles réunifient leur relation, qui alors sera la plupart du temps différente d’avant, peut-être moins belle du fait de ses cicatrices visibles, mais dont il est possible d’envisager qu’elles deviennent source de fierté d’avoir ainsi renoué le lien et le dialogue entre elles.
L’or sera la maitrise du médiateur professionnel, l’exercice de son art, au final l’accord trouvé entre les deux personnes, la perspective d’une entente retrouvée et d’une qualité relationnelle apaisée. L’or décoratif devient ainsi une richesse relationnelle, que l’on détient grâce à l’autre, au-delà de soi-même.