La mission d’un médiateur professionnel ne consiste pas à obtenir prioritairement et à tout prix un compromis de la part des personnes impliquées, voire un accord par ailleurs forcément « gagnant-gagnant ». Sa mission consiste à réinstaurer une vraie capacité à renouer une relation entre elles, une confiance en l’autre, une capacité à communiquer, à pouvoir s’écouter alternativement, ainsi qu’une capacité à réinstaurer un dialogue empreint de respect ; ceci permettant à chacune de cheminer vers la compréhension de la position que l’autre fait prévaloir : dès lors, faire en sorte que chaque personne soit au final convaincue qu’en réalité, la source de leur conflit ne relève pas d’une mauvaise intention de l’autre, mais d’une attitude réactionnelle face à un événement où chacune fait comme elle peut pour le gérer, selon son bagage singulier, tant culturel qu’intellectuel.
La mission d’un médiateur professionnel consiste donc, après avoir en quelque sorte « essoré » la part émotionnelle, à faire réfléchir ces personnes, à les faire douter, mais aussi à les faire relativiser, à les faire progressivement lâcher-prise, de même que leur apprendre à pouvoir envisager la situation partagée sous un autre angle ; enfin, à leur faire entendre que commettre des erreurs fait partie de la vie, des relations vécues et partagées et en général de tout processus d’apprentissage.
Un conflit n’est-il pas en effet bien plus dû à une ignorance de ce que vit l’autre, plutôt qu’à une mauvaise intention de ce dernier à notre égard ?
La mission d’un médiateur professionnel repose ainsi sur un socle pédagogique fort et certainement prioritaire : ou comment faire passer certains messages de manière fluide et des plus naturelles, en accompagnant les personnes à se rendre compte par elles-mêmes de certains faits ou autres situations. Ou comment dédramatiser et assoir comme référentiel de normalité le fait de parfois devoir se tromper pour avancer, donc de commettre par conséquence des erreurs pour apprendre et s’améliorer. Ou comment les déculpabiliser, afin que les personnes finissent par s’apercevoir que rien dans leur conflit avec l’autre n’était généralement prémédité, mais relevant plutôt de la maladresse, d’un certain degré confusionnel et du fait de ne pas savoir quoi dire, quoi faire, quoi penser et comment faire avec une telle situation inédite qui les a mise toutes les deux en difficultés, à tel point qu’une incompréhension a lentement ou brutalement fait place à un conflit.
L’une des missions essentielles d’un médiateur professionnel aura donc pour axe force l’apprentissage, car parvenir à s’entendre s’apprend aussi : en redonnant confiance, en soi et en l’autre, sans oublier de mêler à sa démarche structurée et rigoureuse de médiation une part importante d’humanité et de légèreté.
