L’exercice de la liberté au cœur de la mission du médiateur professionnel.

Si la médiation professionnelle était une planète, la liberté en serait son noyau. La liberté est en effet au cœur de ce processus structuré, mettant en exergue la reconnaissance de chacun ainsi que la primauté de la qualité relationnelle, comme préalable à tout ce qui constitue et forge la vie en société.

Comment définir la liberté, simplement, par-delà toute référence philosophique, culturelle, politique, intellectuelle en son ensemble ? Je dirai que la liberté tout d’abord se choisit et qu’elle se résume en la possibilité de dire non. Etre libre consiste à pouvoir décider, en toute autonomie et responsabilité. Elle permet de s’autoriser à penser autrement, à faire référence à d’autres valeurs que celles communément partagées, à prioriser ce qui semble important à ses yeux et non à ceux des autres. Elle consiste pour chacun à respecter par ailleurs le choix des autres, soulevant peut-être désaccord ou incompréhension : mais de quel droit les entraver ou les juger ?

La plus grande des libertés est celle de pouvoir exprimer ses idées, s’exprimer en paroles ou par écrit et diffuser ce que l’on pense juste, ce qui semble utile et pertinent. La liberté d’expression doit ainsi permettre l’échange et la contradiction des idées, mais sans violence, sans confrontation, sans enjeu autre que l’échange en lui-même. Ainsi, simplement pouvoir et savoir se dire les choses, affirmer clairement son point de vue dans un dialogue ouvert, en sachant écouter et analyser ce que l’autre dit avant de soi-même répondre ; avancer au-delà de sa propre pensée, remettant peut-être en question ses propres référentiels et représentations, ouvrant son esprit aux propos entendus.

Notre mission de médiateur consiste avant tout à faire prévaloir cette liberté. Point de médiation sans un choix éclairé et assumé d’y accéder, en dehors de toute contrainte. Point de progression vers la parole de l’autre sans cette volonté intrinsèque de vouloir avancer vers la résolution d’un conflit ou la majoration de la qualité d’une relation. Point de solution, d’accord, de progression vers l’entente sociale sans respect de la liberté d’expression, sans cette possibilité de pouvoir à tout moment faire un choix, quel qu’il soit. Ce droit d’être libre pour s’exprimer, pour décider et agir s’avère cependant fragile, précaire, soumis à tant d’assauts de personnes se croyant détenir la vérité et prêts à tout pour la faire prévaloir. A chacun, médiateurs en tête, de résister, voire de combattre pour défendre ce droit absolu qu’est la liberté individuelle.