Quel rapport existe-t-il entre la liberté de pensée, d’expression de celle-ci et la confiance ? Autour de la liberté s’agrègent les valeurs de respect, d’ouverture d’esprit, mais également l’importance de l’écoute, de la prise en considération de la parole de l’autre ainsi que de son avis, même s’il est divergent, voire opposé : l’autre ne peut-il pas, en effet, avoir raison au détriment de ses propres idées ? Et si l’autre avait même en partie raison ?
S’il fallait un contre-exemple à ce lien de causalité entre liberté et confiance, ou autrement dit la preuve par l’absurde, je vous citerais bien le spectacle affligeant de notre actuelle représentation nationale : des députés qui s’invectivent en permanence, refusent de se serrer la main ; pour une frange radicale qui empêchent leurs adversaires politiques de se faire entendre, allant jusqu’à les insulter, les réduire plus bas que terre, au mépris de tout respect de l’homme et surtout de la femme ; le tout bien au-delà de leurs convictions politiques et propositions d’idées, s’ils s’avèrent qu’ils soient en capacité d’en produire.
Faut-il être sectaire, hermétique, imbus ou viscéralement antiparlementaires et antirépublicains pour qu’au cœur de son instance démocratique devant discuter des lois, certains de leurs membres soient si peu enclin à écouter, débattre, confronter leurs idées avec l’objectif de convaincre plutôt que d’imposer par l’unique force de la voix, voire user d’intimidations ou autres propos uniquement déstabilisants ? Sauf qu’à marcher sur la liberté d’expression, le respect humain, le dialogue, la qualité relationnelle et l’entente sociale, plus personne ne parvient à travailler ensemble, à construire des alliances, à faire confiance aux bonnes volontés, ce dans l’intérêt général du pays, donc des concitoyens qu’ils sont censés représenter.
Sans liberté, tout simplement pas de confiance. Sauf que sans confiance, sans ce pont entre deux idées, deux avis, deux options, deux camps, deux personnes, rien ne peut avancer ni se construire. Comme le papillon s’extrait de sa chrysalide pour ensuite s’envoler, débarrassons-nous de nos préjugés, de nos certitudes, de notre entêtement ; acceptons de nous écouter, d’échanger, de croire en la possibilité que l’autre recherche autant que nous la meilleure solution, avec sincérité : partageons cette confiance en l’autre et acceptons l’idée qu’en dialoguant, tout devienne possible.