Un avocat et un médiateur professionnel, tels chien et chat ? Tout les oppose-t-il, l’un évoluant uniquement dans un monde d’adversité et l’autre souhaitant promouvoir l’altérité ? L’un se référant au droit, par essence froid et rigide, appelant à son respect et à sa juste interprétation ; l’autre ayant l’humain chevillé au corps, se reposant sur une science inexacte, avec son cortège d’empathie chaleureuse, de souplesse et autres contorsions possibles pour aboutir coute que coute à un accord ? L’avocat et son étendard de savoir-faire, le médiateur n’ayant quant à lui en guise de bannière qu’au mieux une maîtrise en maïeutique, de l’expérience et un savoir-être ? L’avocat, rigide et cassant, orateur et véhément, maître et joueur de poker ; à contrario du médiateur, agile et maître quant à lui dans l’art des échecs, déployant son jeu tendant à ne faire perdre personne sur l’échiquier ?
Ce préliminaire – quelque peu décalé – ainsi posé, mon propos principal ne va clairement pas consister à affirmer qu’un médiateur professionnel peut et doit se substituer à un avocat. Il consiste à faire connaître quel peut être la plus-value d’une action de médiation face à celle menée en justice et défendue par un avocat.
L’action en justice est souvent obligatoire, nécessaire ou s’impose par elle-même, y compris à notre détriment : l’assistance et le conseil d’un avocat sont alors requis. Pour autant, il s’avère parfois possible qu’une même action résolutive, menée sous l’angle de la médiation professionnelle, aboutisse à un résultat bien meilleur ; sauf que le recours à cette autre méthode de résolution n’est pas forcément connue du grand public, ce qui explique mes propos, mes articles et ces espaces d’informations que je vous mets à disposition.
Quelle que soit la situation, le droit est pour autant nécessaire et constitue l’armature de notre société, telle une charpente métallique, rigide et suffisamment solide pour accueillir une couverture protectrice des personnes et des biens qui vivent dans cette maison commune qu’est notre nation, république une et indivisible.
Parfois, notamment dans le cadre de conflits interpersonnels de diverses origines (d’ordres familial, amical, de voisinage, professionnel ou social), cette rigidité du droit peut cependant s’avérer bloquante et contre-productive. Or, la médiation professionnelle peut très souvent s’avérer quant à elle tout aussi solide, voire même plus résistante dans le temps, tout en apportant dans son déploiement plus de souplesse qu’une action judiciaire, pour au final plus de garanties, tant de résolution du conflit vécu par les parties que de satisfactions partagées lorsqu’elles en bénéficient.
La médiation professionnelle permet tout d’abord une stricte confidentialité des échanges, l’action en justice étant quant à elle publique. Il s’agit d’un processus par ailleurs plus rapide et donc moins couteux. Elle repose sur un engagement libre et éclairé des parties prenantes, qui auront la possibilité au sein de cet espace choisi en autonomie et en responsabilité partagée, de ne plus subir la décision d’un juge, mais de la prendre ensemble, de la définir de telle manière qu’elle convienne à toutes les deux. Cette solution sera par ailleurs la meilleure qui soit, car ce sera celle communément élaborée, faisant alors sens.
Cet accord ne sortira pas du droit mais pourra en être une interprétation particulière, ou peu habituelle. Il pourra aussi être substitutif, en dehors de son application classique, car relevant du seing strictement privé – tel un échange de bons procédés, une compensation financière ou en service rendu …etc. Mais surtout, à contrario d’une décision de justice qui tend à prendre parti pour l’une ou pour l’autre – l’une se sentant alors désavouée, perdante, ridiculisée voire écrasée – avec comme conséquence pour celle qui a perdu l’émergence d’un sentiment d’injustice ainsi que l’altération de la relation avec celle qui a gagné, la médiation professionnelle focalise quant à elle son action sur la relation interpersonnelle.
Un médiateur professionnel a ainsi pour mission, non pas de faire émerger une solution, mais de réinstaurer une relation entre les parties qui, sur la base d’une compréhension réciproque et d’une confiance retrouvée, sauront alors par elles-mêmes définir leur propre solution, la-leur, la meilleure pour elles, gage d’une résolution aboutie et solide de leur conflit, souple, adaptée à leur situation et satisfaisante pour chacune.
L’activité de médiation professionnelle est ainsi complémentaire de celle de l’avocat, deux professions au service des hommes.