Des questions émergent lorsque l’on observe attentivement, sous l’angle de la critique constructive, l’action syndicale et la manière dont se déroulent généralement les discussions et négociations paritaires : ainsi, au centre de ce questionnement, quid de la qualité relationnelle et de l’entente sociale ?
L’action syndicale doit-elle être nécessairement frontale pour être efficace ?
Cette attitude frontale est-elle responsable, citoyenne, républicaine, ou bien insurrectionnelle, au détriment de tous ?
L’opposition systématique et l’insatisfaction permanente permettent-elles les avancées attendues, ou bloquent-elles au contraire tout processus de résolution, donc de compromis ?
Est-il indispensable, lors de rencontres bilatérales, de ne pas se saluer pour d’emblée définir le niveau du rapport de force, semble-t-il inhérent à la règle du jeu établie ?
N’est-il pas indispensable de considérer que l’autre partie n’est pas un adversaire, mais un homme ou une femme comme un(e) autre, comme moi-même ?
Tous les sujets revendiqués sont-ils forcément graves et urgents, tel un péril imminent ? N’est-il pas utile de prendre un peu de hauteur ?
Les vrais sujets sont-ils abordés ou seulement ceux qui concernent une minorité d’adhérents, défendant ainsi des intérêts particuliers et ultra-minoritaires au détriment de l’intérêt général et de la réelle volonté des personnes représentées ?
Quand on évoque le dialogue social, ne devrait-on pas poser le principe intangible de mutuellement s’écouter et entendre l’autre, ceci avant d’imposer par la force son seul point de vue ?
Le dialogue social commençant par l’écoute et finissant par la construction de solutions, l’invective permanente ne consiste-t-elle pas à rouler à contresens de ce processus, risquant le clash et majorant par voie de conséquence la fracture sociale, ainsi rendue volontairement de plus en plus inflammable ?
L’avenir ne mérite-t-il pas mieux qu’une telle action syndicale à contretemps, figée dans un carcan dogmatique, stérile, quasi létale pour le progrès social et humain pourtant mis en avant de manière si contradictoire ?
Quel est le plus grand paradoxe de l’activité syndicale non réformiste ? La réponse ne tient-elle pas dans la théorie de l’évolution ? Ainsi, pour continuer d’exister, ne faut-il pas s’adapter et changer de discours et d’attitude plutôt que de répéter périodiquement les mêmes rituels, autour notamment des grèves ou des blocages ?
Ces recours à des actions de force ne sont-elles pas en fait la seule solution pour se faire entendre face à une situation de blocage du dialogue de la part des instances dirigeantes, quelles qu’elles soient ?
L’attitude des syndicats non réformistes ne serait-elle pas tout simplement due à celle de leurs partenaires, directions, patronat et autres instances politiques, toutes plus ou moins hermétiques, hypocrites et malhonnêtes ?
Quand on évoque la notion de partenaires sociaux, ne fait-on pas référence à la nécessité de respect et de confiance ?
L’immuabilité des acquis sociaux est-elle compatible avec l’évolution économique et sociétale ?
Si le risque 0 n’existe pas, les garanties à 100% peuvent-elles exister ?
L’objectif de la lutte syndicale réactionnaire est-elle de parvenir à résoudre les problèmes dénoncés ou de les entretenir afin de maintenir l’existence-même desdites organisations ?
L’activité syndicale est-elle encore crédible, représentative et porteuse de progrès ?
Les mouvements citoyens, tels les gilets jaunes, n’ont-ils pas ébranlé l’action syndicale, au point de la faire vaciller ? Sont-ils plus crédibles, plus efficaces, plus légitimes ?