Voilà presque un an, nous allions en France vivre un moment particulier, un moment de communion populaire et d’entente sociale : les jeux olympiques et paralympiques.
Quelques mois avant, bon nombre d’entre nous étaient au mieux indifférents, souvent sceptiques, critiques, dubitatifs ; pire, d’autres souhaitaient l’échec, que l’on connaisse de sérieux couacs. Les polémistes s’en donnaient à cœur joie, vomissant leur négativisme systématique. Les politiques surfaient sur cette vague pessimiste pour en faire un sujet électoral et tenter de ramasser des gains. Les syndicalistes profitaient de la situation pour obtenir des primes disproportionnées sous la contrainte, sans aucun état d’âme, menaçant de tout bloquer, de tout faire échouer. Tant d’attitudes indignes, ravageuses et méprisantes, aux antipodes de l’union nationale et d’une belle parenthèse ainsi offerte à la nation et à son peuple, qui aurait dû à l’inverse naturellement s’enjouer, s’unir et se sentir fier.
Après les doutes, les quolibets, le dénigrement et beaucoup de tensions, la magie a cependant commencé à opérer avec le relais de la flamme olympique : plusieurs semaines de partage, de joie simple, éclatante et d’entente incroyable.
Et puis il y a eu la cérémonie d’ouverture. Le temps maussade, puis pluvieux, puis diluvien s’incrusta, comme une punition, un avertissement. Sauf que la pluie magnifia le spectacle, d’autant plus inattendu, coloré, divers, multiculturel, multiracial, moderne, transpirant la joie, l’humanité et la solidarité des hommes et peuples.
Les éléments reprenaient le dessus sur l’arrogance, le pessimisme maladif et la critique facile : l’eau du ciel venant nous laver et nous débarrasser de toutes mauvaises pensées, un vent de folie emportant la grisaille de nos quotidiens, la terre réunie grâce à cette cérémonie inédite, et enfin le feu de cette vasque, alliance de sciences, de beauté, d’innovation, d’évocation historique, d’art, mélange de poésie et de féérie.
Face à la beauté de cette cérémonie, telle une mosaïque de notre société et face à l’adversité de la pluie, nous avons découvert la puissance de l’altérité, de l’autre, la force de la différence. L’élévation de la vasque a ensuite marqué le début de cette parenthèse. En quelques heures d’une soirée d’été aux habits humides, le peuple s’est alors resserré, pacifié, retrouvé chaleureusement. L’entente était née pour deux mois, comme hors du temps.
Tout est donc bien possible : dès lors, poursuivons !
La culture de l’entente sociale, plus forte que celle du conflit permanent, n’est pas un leurre : gardons en nous ces belles images ! Et si nous avions à n’en garder qu’une, je propose que ce soit celle de cette vasque, cette flamme, en écho à cette citation de Jean Cocteau : « si votre maison brûlait, qu’emporteriez-vous ? J’emporterai le feu ».