La Constitution des États-Unis d’Amérique est, selon ses propres termes, la loi suprême, validée le 17 septembre 1787 par une convention réunie à Philadelphie et qui s’applique depuis le 4 mars 1789. Outre la stabilité des institutions, qui dénote la force de cette grande démocratie, le système politique américain s’avère par ailleurs redoutablement efficace au regard du nôtre, car il permet en effet de mettre en cohérence ceux qui décident et ceux qui mettent en œuvre la politique, ceci à tous les échelons : ainsi, quand un président est nouvellement élu, il installe son « administration », permettant aux décisions prises d’être appliquées, pleinement et sans délai.
En France, nous en sommes à la cinquième écriture de la constitution de la République depuis 1789, sans compter les deux empires et les quelques retours à un système de monarchie parlementaire. Sauf que les Républiques passent, mais que l’Administration reste ! Depuis la période du 1er Empire, le corps administratif structuré par Napoléon compense ainsi cette instabilité politique et permet d’assurer la permanence et la continuité de l’état ; mais à contrario, « l’administration » plombe toute action réellement progressiste, ralentit de son inertie toute tentative de réforme dynamique et profonde et fige toute initiative individuelle.
L’administration demeure, est inamovible, terreau faisant naître un sentiment de toute puissance et d’impunité. La permanence des idées et des processus engendrent un postulat de certitude très ancré, de la rigidité jusqu’à l’empêchement, l’inefficacité pouvant être poussée à l’extrême, de même que la déconnexion d’avec la réalité, évolutive par nature. Elle génère dès lors, pour tout citoyen qui s’y confronte, un fort découragement ou tout au contraire de la colère, des batailles et conflits en tous genres. Quant aux professionnels de la politique, ils s’y heurtent très certainement de la même manière, quelles que soient leur tendance ; ce qui explique en grande partie le constat permanent que tous les gouvernements qui se succèdent font la même chose, avec le même résultat décevant et décalé, tant par rapport aux attentes de la société qu’aux regards des intentions et promesses formulées pour y répondre. L’administration fait ainsi barrage, amortit, filtre, annihile tout action innovante et sortant du schéma établi.
Aux Etats Unis, la dynamique, l’agilité et la culture du débat contradictoire peuvent également entrainer de très vifs échanges, sauf que le temps politique est court : des élections tous les deux ans, un mandat présidentiel de quatre ans. L’économie est par ailleurs le moteur principal et la clef de voute du système politique, ramenant sans cesse aux principes de réalité et d’adaptabilité qui conduisent, au-delà des batailles, à trouver des solutions, donc amènent au compromis, voire au consensus : ainsi peut-on citer les accords trouvés in-extremis sur le budget fédéral et le risque toujours évité de « shut down ».
En guise d’illustration, un autre temps fort de la vie politique américaine est le discours annuel du président devant le Congrès sur l’Etat de l’Union : un peuple et une classe politique qui bataillent, sont extrêmement clivés, mais qui in fine savent se rassembler par cette symbolique. En France, voilà près d’un an que notre parlement ne possède pas de majorité absolue, ce qui est commun dans bien des démocraties, mais sidérant chez nous, jusqu’à paralyser totalement notre vie politique et les réformes à engager. Cet état de fait devrait logiquement contraindre les partis représentés à discuter et se mettre d’accord sur un axe de programme devant être le reflet de la tendance exprimée et représentée par le vote : sauf que là encore, tout demeure figé et semble inextricable.
A croire que notre démocratie est malade et mal en point à défaut d’être fragile ! Cela révèle quoi qu’il en soit notre grand point faible : nous ne savons fondamentalement ni discuter, ni travailler ensemble, ainsi encore moins nous mettre d’accord. La médiation professionnelle a un bel avenir …