L’ancien chancelier allemand Gerhard SCHRÖDER disait à propos des coalitions : « le plus grand parti est le chef de cuisine, le plus petit est le serveur […] ». J’aurais tendance à terminer sa phrase par ceci : « […], tous ayant intérêt à travailler ensemble et de concert pour que vive et prospère leur grand restaurant, l’Allemagne ».
La classe politique allemande sait ainsi faire prévaloir l’intérêt général avant les intérêts partisans. Face aux défis d’ampleur, aux difficultés d’envergure et aux enjeux majeurs auxquels le pays doit faire face, les principaux partis de gouvernement savent que la stabilité, la cohésion sociale et l’exigence de renouveau sont gages de réussite afin de garantir l’avenir et améliorer le quotidien des allemands.
Face à l’incertitude, ils prennent leur responsabilité pour travailler sans délai à la modernisation du pays et à son développement économique. Ils souhaitent par ailleurs œuvrer ensemble à la protection de la liberté et de la paix, ainsi qu’au renforcement de la démocratie ; leur histoire passée et le risque présent – notamment lié à l’avenir de l’Ukraine – leur rappelant cette exigence et cette priorité, qui n’appellent aucune défaillance en termes de devoir de cohésion.
Ils savent ainsi discuter et décider, afin d’affronter ensemble tout cela, solidairement. Ils savent discuter en responsabilité, mais également avec une confiance mutuelle. Ils savent décider d’un accord de coalition, à la fois ambitieux, élargi et solide, ceci pour ensuite mener une action gouvernementale en coopérant, dans un respect réciproque.
En 2021, les discussions préliminaires en vue de la formation d’un gouvernement et d’un accord de coalition avaient duré 3 semaines, pour aboutir rapidement à un accord de plus de 170 pages. En 2025, suite aux élections du 23 février, ces mêmes partis de la CDU et de la CSU (équivalent à notre bloc de droite et centre droit) ainsi que du SPD (équivalent à notre bloc social-démocrate et centre gauche) sont parvenus à présenter les grandes lignes de leur futur programme de gouvernement le 8 mars, soit au bout d’à peine deux semaines, alors que la situation du pays s’est aggravée et s’avère bien plus complexe à appréhender ! Un accord qui traite de tous les sujets : finances, économie, travail, affaires sociales, migration, écologie …
Que dire et penser de notre propre situation française depuis les résultats de nos élections législatives de juin / juillet 2024 au regard de cette exemplarité allemande !
