Le conflit israélo-palestinien est, depuis octobre 2024, poussé à son paroxysme de l’horreur et de l’impasse. Nombre de nations ont tentés depuis plusieurs décennies d’œuvrer à la paix dans cette région. Jamais s’en était-on autant approché que lors des accords d’Oslo : une déclaration de principe avait été signée à Washington le 13 septembre 1993 par Yitzhak Rabin, premier ministre israélien, Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP et Bill Clinton, président des Etats-Unis. Elle instaurait un mode de négociation pour régler le conflit et posait les bases d’une autonomie palestinienne provisoire de 5 ans en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, permettant de cheminer vers une paix durable.
Le processus d’Oslo se concrétisa le 4 mai 1994 avec l’ « accord de Gaza-Jéricho » qui investit la nouvelle Autorité Nationale Palestinienne, puis avec l’ « accord de Taba » le 28 septembre 1995 qui prévoyait notamment les premières élections du Conseil Législatif Palestinien. Ce processus de paix israélo-palestinien fût cependant fragilisé, tout juste quelques semaines après, avec l’assassinat d’Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995 à Tel-Aviv par un étudiant israélien d’extrême droite. Dès 1996, les positions de part et d’autres ne feront que se durcir, pour de nouveau se dégrader et totalement échapper au processus de paix, jusqu’au déclenchement de la seconde intifada en 2000.
Ceci démontre bien que la recherche d’un accord ne mène en soi nulle part si au préalable, les parties prenantes n’ont pas réinstauré entre elles et de manière volontaire une relation apaisée, fondée sur le respect, la bonne foi et une confiance mutuelle. La poignée de mains entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, sous l’égide de Bill Clinton, en est une parfaite illustration : ces deux hommes se faisaient confiance, ce qui augurait que les engagements pris auraient été réalisés s’ils avaient pu continuer à travailler ensemble. L’assassinat d’Yitzhak Rabin a transformé l’édifice construit sur les fondations de leur bonne relation ainsi instaurée en un fragile château de cartes qui finit par tomber, réduisant l’accord à néant.
Les accords de Camp David, signés le 17 septembre 1978 entre le président égyptien Anouar el-Sadate et le premier ministre israélien Menahem Begin, grâce à la médiation du président des Etats-Unis Jimmy Carter, en est un autre exemple. Quand deux hommes de bonne volonté souhaitent créer une relation apaisée entre leurs deux pays, pour des raisons pouvant être différentes, mais au final convergentes ; aidés en cela par un tiers médiateur très affuté sur la méthode à mettre en œuvre afin de permettre l’émergence d’un accord, y compris aux termes de vives discussions, alors tout est possible, même si ce fût difficile.
Le processus de médiation professionnelle est ainsi centré sur la relation et non sur la recherche en première intention d’un accord. Ce dernier intervient assurément dans un second temps, une fois le lien créé, renoué ou consolidé. La médiation professionnelle mène ainsi assurément au succès, au règlement durable du conflit, puisque l’accord est élaboré par les parties elles-mêmes, librement, en responsabilité, sur la base d’une confiance partagée.