Une seule mer borde nos terres, mais un océan de récriminations ne cesse de nous séparer.

L’histoire de la France et de l’Algérie a débuté le 14 juin 1830 par le débarquement de l’armée française à Alger sur ordre du roi Charles X. Elle fut scellée par les accords d’Evian le 18 mars 1962, l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le lendemain et l’indépendance de l’Algérie proclamée le 5 juillet de cette même année.

Cette union aura ainsi duré 132 ans, que chacun saura qualifier, décrire et décrypter, mais tel n’est pas mon propos ; hormis que cette séparation des terres et des peuples est encore aujourd’hui marquée du sceau de la douleur : une cicatrice qui ne s’est jamais refermée, une plaie suintante, une histoire commune mais si peu conciliable, une guerre qui ne dit jamais son nom et qui demeure tabou, des tortures, des massacres, tant d’horreurs sous fond de paysages sublimes et de senteurs incomparables, si bien décrits par Albert CAMUS.

Tous ces non-dits, toutes ces souffrances partagées par les Fellagas, les Harkis, les Français conscrits et ceux rapatriés, expliquent que plus de 63 ans après l’indépendance de l’Algérie, la réconciliation et l’apaisement apparaissent si lointains et encore presque illusoires.

Il faudra cependant bien que le temps finisse par faire son œuvre, que la mémoire devienne moins lourde, que l’oubli s’impose quelque peu et que s’ouvre une autre perspective, celle de comprendre qu’une union méditerranéenne serait préférable à cette tension conflictuelle permanente.

Nous sommes liés par une histoire commune, certes difficile, âpre, douloureuse, mais que l’on pouvait qualifier de normale et d’apaisée, à une époque qui n’est absolument pas comparable à la nôtre, avec d’autres référentiels aujourd’hui totalement inimaginables : nous ne pouvons nier cela et cela nous oblige ! Il nous faut dès lors apprendre à être redevables les uns envers les autres, en souvenir du passé, aujourd’hui plus que jamais. Il faut expurger ces ressentiments, cette émotion acérée comme une lame de rasoir et devenir raisonnable, enfin.

Il nous faut penser l’avenir, panser et guérir nos plaies, en faire une force commune, accepter mutuellement de tourner la page, de discuter, de réapprendre à nous connaitre, à nous respecter et peut-être un jour à nous apprécier tel que chacun est. Alors pourrons-nous à nouveau échanger en confiance et construire un avenir en commun.

A l’image de la méditerranée, qui n’est pas une mer de fracture et de tension mais une mer de solutions, de civilisation, une mer éclatante et magnifique qui rapproche et unit les peuples qui la bordent et la parcourent, nos deux pays méritent qu’une paix soit entre nous trouvée.

Apprenons à envisager l’avenir ensemble, à concevoir cet avenir en commun, faisons-en sorte d’être partenaires, apprenons à naviguer sur un même bateau.

Tentons de proposer le recours à la médiation le jour où chacun en acceptera le principe : telle est l’unique solution.