Albert CAMUS a dit : « l’absurde naît lorsque l’être humain cherche un sens dans un univers indifférent. Mais de cet absurde naissent trois forces : la rébellion, la liberté et la passion. Accepter que la vie n’a pas de sens inhérent n’est pas une résignation, c’est un appel à vivre pleinement, à créer un sens dans chaque acte, car même dans le silence du monde, l’existence mérite d’être embrassée ».
La démarche de médiation, au-delà d’être une passion, est passionnante. Elle repose, nous l’avons abordé à de multiples reprises, sur le principe fondateur du respect et de l’exercice de la liberté. Pour elle, il devient ainsi légitime, si cela s’avère nécessaire, de se rebeller, de refuser de dire oui pour plaire ou paraître compétent, performant, bon petit soldat …etc.
Nous sommes toutes et tous confrontés à des individus, des clans, des institutions, qui, au nom de leur propre sentiment de sécurité, de maitrise ou de certitude prenant différentes formes et variantes (dogmatisme, moralisation, sectarisme, voire totalitarisme ou obscurantisme), vont en arriver à balayer d’un revers de main tout ce qui n’est pas prôné par eux. La « ligne du parti » et uniquement la ligne du parti ! Ouvrir au débat, mais dans le cercle de ce qui est convenu ; pouvoir tout dire, mais dans le cadre des idées, concepts ou programmes définis.
Est-ce une liberté encadrée ou tout le contraire ? La question ne doit même pas se poser, car une liberté encadrée n’est pas la liberté, mais une contrainte !
Tout système qui se fonde sur des certitudes bien ancrées aura tendance un jour ou l’autre à dériver, avec le risque de devenir peu ou prou clanique et intolérant, y compris si ce qu’il défend est légitime. Parler de la liberté, la promouvoir, mais en fait, contredire et critiquer sans se remettre chaque jour en question revient à agir à contresens de ces paroles.
Rappelez-vous le slogan publicitaire des célèbres frites Mc Cain, « c’est ceux qui en parlent le moins qui en mangent le plus » et cherchez ceux qui prônent la liberté d’expression, à condition qu’elle soit conforme à leurs idées, dont ils n’acceptent pas qu’elles puissent être profondément remises en question, voire aucunement. Cherchez et vous observerez ces fausses postures d’ouverture d’esprit, ces donneurs de leçons tout en subtile malveillance, ces personnes sourdes à tout propos contradictoire qui en même temps se prévalent de détenir la vérité.
La vraie liberté est d’un tout autre niveau : elle est respectueuse des avis divergents, elle est à l’écoute, aux aguets d’arguments enrichissants. Ceux qui l’incarnent et la mette en pratique ne donnent pas de leçons et n’imposent pas leur vue, quitte à remettre en question ce qu’ils croyaient acquis en certitudes et vérités.
La certitude engendre l’arrogance, la condescendance, l’intolérance, les affirmations péremptoires jusqu’à l’impertinence des propos : ainsi, cette assurance d’avoir raison envers et contre tous est-elle un véritable fléau mettant en danger notre libre arbitre, donc notre liberté, notre qualité relationnelle et notre capacité à tendre ou maintenir notre entente. La vraie raison consiste au contraire à douter et non à affirmer ou à décréter ce qui est juste, ce qui est vrai ou faux, à se prévaloir de détenir la vérité, à l’imposer, pour au final contrecarrer la liberté d’expression et de penser, hypocritement ou plus frontalement.
Dès lors, menons chacun cette rébellion intérieure puis visible pour défendre la liberté de s’exprimer, d’agir, d’essayer, d’expérimenter, de se tromper peut-être, mais peu importe puisque cette entreprise mène à la justesse. Traversons, y compris si le bonhomme est rouge, avançons, osons. Stop à l’empêchement. Affrontons les vagues d’intolérance et incarnons cette liberté, exerçons-la avec ouverture, optimisme, de manière positive, constructive et éclairante. Stop à la pensée unique !