Le souhait de liberté est sans cesse grandissant, tant individuellement que collectivement, mais nous sommes paradoxalement entrainés dans une mécanique inverse qui nous impose un nombre de plus en plus important et inconsidéré de contraintes, tant dans notre sphère professionnelle que dans notre jardin personnel, si avide de loisirs.
Nous sommes ainsi prisonniers d’un rythme infernal, de to-do-lists qui se remplissent plus vite qu’elles ne se vident ; et nous sommes de fait nos meilleurs pourvoyeurs en la matière, incapables d’envisager de ne rien faire, car confrontés à la culpabilité ancrée de perdre ainsi son temps si tel est le cas !
Nous nous devons de répondre présents, d’être performants, d’être connectés, d’être sans cesse en découverte, à l’affut : or, nous nous l’imposons à nous-mêmes tout autant que cela ne s’impose à nous ! Nous zappons, nous nous éparpillons, nous ne cessons de soupoudrer en espérant parvenir à contenter tout le monde et au final, nous ne contentons personne, y compris et surtout pas nous-mêmes ! Le risque sera que nous ne retiendrons rien ou pas grand-chose de notre vie une fois parvenus au bout du chemin, du moins rien d’important, rien d’essentiel.
L’essentiel n’est pas la quantité, mais la qualité, on le sait pourtant ! L’essentiel consiste ainsi, tout simplement, à conserver une liberté de choix, donc de renoncements, ceci sans que le regard ou le jugement des autres nous culpabilise et nous empêche de les réaliser.
Notre défi consiste donc à apprendre le lâcher-prise, à se démarquer des automatismes, des tendances et des effets de mode. Il faut tenter d’œuvrer pour parvenir à être avant tout en accord avec soi-même. Il faut faire au mieux, et le faire ensemble.
Nous ne sommes jamais seuls. Nous sommes en permanence sur un bateau, petit ou immense. Il nous faut chaque jour y apprendre à naviguer de concert, tenir compte du temps, des aléas, et faire au mieux sa route.
La vie est un tour du monde, avec son lot d’imprévus et d’événements non maîtrisables. Elle ressemble parfois, malheureusement, à un jeu de roulette russe ou à une loterie : une famille aisée, des biens transmis de générations en générations, ou bien la survenue d’un enfant handicapé, d’une grave maladie bien trop tôt, le croisement d’un chauffard qui nous percute et nous bousille en une fraction de seconde tout le restant de notre vie.
Que faire, que penser, hormis effectivement tenter de faire au mieux avec tout cela, avec peut-être en tête ce mantra de Christophe ANDRE, psychiatre français : « il n’y a rien à réussir, il n’y a qu’à agir de notre mieux. Puis lâcher tout cela, pour respirer, sourire et vivre. »
